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L'importance du marché au Vietnam
Découlant d'une autarcie traditionnelle, principalement à la campagne, chaque village a son marché, le matin, pour que les villageois puissent écouler poissons, légumes et autres aliments en quelques instants et que la ménagère achète les ingrédients frais des repas de la journée.
L'animation est garantie sur un fond sonore d'interpellations, questionnements, indignations, rires et cris aux textures féminines, et qui scandent les négociations sous des arômes très divers de viande fraiche, coriandre, sauce nuoc mam, fraichin, épices diverses.
C'est le lieu de rencontres, de bavardages, d'échange de commérages, d'apostrophes et d'éructations avinées
Parfois, le marché se trouve au croisement de deux ou trois villages. Il devient une foire à cetains jours lunaires, celui du district étant souvent le dimanche.
Les marchés de montagne sont de véritables kermesses qui sont le siège de jeux et libations divers.
Le marché (cho en Vietnamien) est d'ailleurs le sujet de nombreuses chansons:
Je suis pareille à une pièce de soie rose
Frémissant au milieu du marché
et qui ne sait dans quelles mains elle va tomber
Car, évidemment, le marché est le lieu des rencontres amoureuses et il a évité, en ce qui concerne le marché de district à la montagne, les mariages consanguins.
La femme qui a des doutes sur les sentiments de son mari évoque le marché:
La femme qui aime son mari
C'est comme le marché qui bat son plein
Le mari qui aime sa femme,
C'est comme les dernières lueurs du jour
Et le poète paysan Doan Van Cu peint le marché ainsi:
Les gens des hameaux voisins, en bandes joyeuses, partent au marché.
Ils rient gaiement, en longues files,sur l'herbe aux reflets bleus;
Les bambins en petites vestes rouges trottinent,
Quelques vieillards au dos courbé marchent appuyés sur des bâtons,
De jolies filles au corselet écarlate sourient à la dérobée,
Les tout petits blotissent leur tête contre le sein de la mère.
Deux villageois, portant le cochon avec la palanche
Allongent le pas, à la tête d'un groupe
Un boeuf jaune ferme le cortège en courant drôlement.
Vendeurs et clients, allées et venues, emplissent la porte du marché
Le buffle, debout, les yeux mi clos fait semblant de dormir
Pour mieux écouter les boniments du maquignon
On y rencontre les potes, on cause, mange, trinque plus que de raison et l'on titube sur le sentier du retour
Tags : marchés de campagne, marchés ethniques, Yen Bai, Quyet Tien
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