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Les estampes de Dong Ho
Les grenouilles vont à l'école
Les estampes, surtout utilisées pour le Têt, autrefois, sont imprimées grâce à des planches de bois gravées, sur du papier traditionnel, « do », recouvert de poudre de nacre « Diep ».
La nacre utilisée pour le papier "Do"
Les coquilles de nacre sont pilonnées pour obtenir une poudre fine. Elle servira d'apprêt au papier Do, mais aussi deviendra un colorant afin d' obtenir de beaux blancs.
Elles représentent des scènes de la vie traditionnelle à la campagne, des jeux, elles dénoncent aussi les travers de la vie mandarinale d’autrefois. « La cueillette de la noix de coco », « le mariage des souris », « le troupeau de porcs », « Le pâtre sur son buffle » sont les représentations qui reviennent le plus souvent.
Les dessins sont faits à l’encre de Chine sur du papier, pour être ensuite déposées sur la matrice en bois. L’encre traverse le papier et l’artiste grave la planche d’impression avec un ciseau appelé « ve ».
Les outils prêts à la confection des plaques
l'atelier de gravure des matrices
Gravure des médias en famille
Représentation des signes zodiacaux lunaires et du ciel
Le fils de Monsieur Sam, fier d'une oeuvre qui a réclamé beaucoup de travail
Les planches sont en plaqueminier, en manglietia, en wrightia. Celles de couleur sont en manglieta à bois jaune.
Les couleurs, naturelles sont :
-la sève de sumac, d’obier et d’hibiscus pour le rouge
-Des aiguilles de pin et coquilles d’huîtres pour le vert
- De la cendre de paille de riz et des feuilles de bambou brulé pour le noir
- Des pousses de sophora pour le jaune
- De la nacre pour le blanc
Pour le matériel :
- Pinceaux en aiguilles de pin
- Rondelles de noix de coco pour frotter les planches
- Feuilles de luffa pour essuyer le dos du papier
- Minces copeaux de bambou pour entourer la planche lorsque la peinture est encore fraîche
- Le « Ho Nep » à base de pâte de riz protègera l’œuvre, une fois terminée.
La peinture aux colorants naturels n'est pas absente du processus
Le village de Dong Ho dont l’activité d’impression des estampes remonte à la dynastie des Hô (1400) et peut-être des Ly (1010-1225) a vu son activité s’éteindre au fil du temps : Plus personne n’affiche des estampes chez lui lors du Têt et les artisans se sont reconvertis dans la fabrique de papiers votifs et d’offrandes pour les temples.
Mais Nguyen Huu Sam (84 ans et 75 ans de métier) a persisté et continué à tenter de vivre de son artisanat. Après une période de « bufflesses maigres », la production a été un peu relancée par le transformation de son atelier en conservatoire. Le Ministère de la Culture a permis de trouver un nouveau débouché, le tourisme et, ainsi de faire perdurer les « Estampes de Dong Ho », célèbres pour leurs couleurs vives et de grande beauté. Une homologation de cette pratique est en voie de reconnaissance au Patrimoine Culturel de l’Humanité.
Des souvenirs originaux, qui ont une histoire, qui maintiennent une tradition.....et bon marchés
Désormais, après avoir transmis son atelier à N’Guyen Huu Qua son second fils , il donne des cours à des enfants et il espère que ses estampes referont la conquête du public « Vietnamien ». Il a aussi regroupé près de 600 planches qui appartenaient au différentes familles du village depuis les temps anciens, même s’il continue toujours à en fabriquer.
« Ma belle, viens donc chez moi voir ma collection d’estampes », je ne suis pas sûr que cela marchera de nouveau ! Ce qui apparaissait bien cavalier autrefois, apparait comme un romantisme mielleux et éculé, maintenant.......(snifff!!!!....Regrets de vieux)
Certaines plaques sont de superbes oeuvres d'art, mais Monsieur Sam refuse de les vendre préférant les garder dans le patrimoine de sa famille et du Vietnam.
Je regrette aussi, que les touristes boudent cette visite sous le prétexte qu’ils risquent de rencontrer leurs homologues (c’est un trait tout particulier des Français), car la visite de cet atelier est un aperçu authentique de l’artisanat Vietnamien traditionnel.
Ça y est, j'ai fait un convaincu, moi, et j'y amènerai mes amis à qui j'aurai confectionné un circuit dans les sites les plus authentiques du Vietnam. Promis Monsieur Sam.
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Ha Thai, village de la laque
La technique de la laque, avant de devenir une technique décorative, est avant tout une technique de protection des objets. Lisse et très résistante, c'est le matériau de revêtement idéal pour les objets du quotidien et le mobilier.
La technique de la laque était, avant tout une technique de protection des objets. Elle fut d’abord utilisée en Chine sous la dynastie des Zhou (1006/ 221 av JC), mais c’est sous les Ming (1368/ 1644) qu’elle devient courante.Incrustations de nacre
Les objets trouvés dans les anciens tombeaux font remonter la naissance de cet artisanat au Vietnam, au IVème siècle av JC. Mais c’est entre les XVIIè et XIXèmes siècles que la laque Vietnamienne prend son essor, au service de la religion. Elle entrait dans le processus de momification des moines Bouddhiques (A la Pagode Dau de Ha Tay deux momies de bonzes sont laquées rouge et or.)
Elle s’est ensuite renouvelée sous l’influence Chinoise et entre 1920 et 1930, au contact de l’art occidental grace à l’Ecole Supérieure des Beaux Arts de l’Indochine. Puis fut découvert la technique de la laque poncée, et les sujets se sont diversifiés, couleurs et styles multipliés.
On se sert de support en bois, rotin, vannerie, argile, kaolin et, pour les objets les plus légers de crins de cheval. L’utilisation récente de résines permet d’obtenir des formes plus complexes.Mélange de laque et de cendre
On prépare la laque à partir de la sève laiteuse (cay son) du laquier Toxicodendron Succedanum qui pousse dans le Nord du Vietnam, dans la Province de Phu Tho, berceau de la culture Viet. Le liquide obtenu par gemmage est transparent.
On décante la résine dans des bassins pendant deux mois pour obtenir plusieurs couches. La couche supérieure, la plus liquide, est prélevée pour constituer la finition du laquage. Les autres couches sont mélangées durant plusieurs heures afin d’obtenir un épaississement par évaporation. Pour une meilleure fluidité, on y incorpore de l’essence de thérébentine, puis des pigments de coloration , principalement des poudres minérales. Les gammes dominantes sont de couleur chaude. Les pigments les plus courants sont le rouge de cinabre (rouge), le sulfate de fer (noir), le sulfure d'arsenic (vert), l'oxyde de fer (brun) et le carbonate de plomb (blanc).On enlève la peau formée sur la laque Masticage du support
lors de l'évaporation
Application sur le support
On recouvre l’objet, après masticage, d’une première couche de laque mélangée avec de la cendre que l’on doit laisser sécher entre 3 et 10 jours. Ensuite, vient la phase de polissage. On colle une couche de coton, et il faudra recommencer l’opération au moins 6 autres fois, la dernière couche laque+cendre étant associée au décor. Après le dernier séchage, on pratique le polissage mouillé sous une aspersion continue d’eau, avec du papier de verre et du « nang muc » (os de seiche) qui se prolonge jusqu’à se que l’objet soit poli et brillant. Il faut trois à quatre mois pour laquer un panneau.
On pose une feuille fine de coton entre chaque couche
Le polissage à l'eau
Pour un tableau décoré de nacres on effectue sur celui-ci un traçage du périmètre des éléments décoratifs à apposer par un léger piquetage de la surface du panneau. Après découpage et ciselure les différents petits éléments de nacre sont appliqués et collés sur le tableau selon les sujets désirés (personnages, animaux, fleurs…).
Découpe des figurines en nacre
Ensuite le tableau est recouvert de trois couches de laques noires en veillant à faire réapparaître après chaque couche les éléments décoratifs en nacre ; chaque couche doit être bien sèche avant d’être à nouveau frottée. La décoration du tableau est ensuite complétée par application de la laque colorée, la réalisation des dessins pour le fond et le cas échéant par la projection de poudre d’or. Quand le panneau est sec, à nouveau, on y étale trois couches finales.
Nous arrivons ainsi à l’étape ultime : rendre le tableau le plus brillant possible en utilisant une poudre végétale. On frotte toute la surface du tableau avec la paume des deux mains nues jusqu’à la brillance souhaitée. On applique alors une couche de verni transparent complétant l’illusion du relief et rendant les décors très brillants.
Scènes rurales ou romantiques classiques
Plus modernes, aussi......
.....Et de plus ou moins de bon goût
Pour les laques décorées de fragments de coquilles d’œufs écrasés, de multiples petits morceaux sont appliqués et collés sur les tableaux de la même manière que pour les éléments en nacre.
Depuis plus de 200 ans, les laqueurs du village de Ha Thai (Province de Ha Tay) mélangent les couleurs selon les expériences traditionnelles. Dans la fabrication des laques poncées cependant, ils appliquent des techniques modernes pour la préparation des couleurs, éliminant les mouvements superflus et créant un beau vernis.
Pour le décor, on utilise aussi la sérigraphie. Bien sûr, Oncle Ho est un sujet récurrent
Image que l'on trouve aussi aux frontons des écoles du pays: Le président
Ho Chi Minh, remet le foulard de pionnier à l'élève méritant
A côté des produits traditionnels comme les statues de Bouddha, les objets de culte... Ha Thai fournit à la clientèle locale et étrangère des objets d'usage courant comme: bols, assiettes, cuillères, pots de fleurs, plateaux et même des tableaux. En particulier, les laques poncées portant la marque "Ha Thai" sont exportées dans de nombreux pays comme l'Angleterre, la France, la Russie, les Etats-Unis, le Japon, la Corée du Sud...
La visite du village est des plus intéressants, vous vous en doutez, mais le peu de touristes qui s’égarent à Ha Thai sont un peu déçus par le fait de ne pas avoir un large éventail dans le choix de produits souvenirs. En effet chaque maison éxécute une commande, voire une seule opération qui concerne en majorité des objets rituels, de culte ou de vie traditionnelle.
La coopérative du village a implanté un magasin à Hanoi, où l’on travaille tableaux, bols, boîtes décorées, albums, mais il est excentré et caché. Dommage, on peut y voir le travail des laques aux nacres et coquilles d’œufs, ainsi que l’exposition d’objets fabriqués selon le processus complet.
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Parmi les villages qui entourent Chuong My et qui, comme lui, fabriquait des chapeaux, Chuong Vac a trouvé plus lucratif: Une passion se répand chez les Vietnamiens, celle des cages à oiseaux..... Des oiseaux? Pas seulement, certains collectionneurs préférant le contenu au contenant, ils sont prêts à mettre des fortunes dans une cage, jusqu'à 800 000 000 de Dongs (28000 euros) pour les plus nantis.
A ceux-ci s'ajoutent les passionnés d'oiseaux qui sont prêts à mettre plusieurs mois de salaire (jusqu'à 3000 euros) dans un zosterops, pas beaucoup plus gros que le pouce et aux couleurs verdâtres. Evidemment, il faut au précieux volatile, un logis correspondant à sa valeur. La cage sera alors en nacre ou en écailles de tortue. les cages en bambou confectionnées par les villageois de Vac sont destinées à des "piafs" plus modestes.
Le «dô lông» (investir pour une cage) ne sera pas terminé pour les passionnés, lesquels partiront à la recherche d’un ensemble de mangeoires en corne, nacre, ou en écaille aux reflets nacrés par exemple, ou un petit pont arborant fièrement deux dragons à chaque extrémité.
l'établi et les outils
Maison spécialisée dans les anneaux de suspension
Toute la famille est recrutée, les pièces de vie investies
Les cages partent loin, jusqu'aux confins du pays, chez les H'Mong Fleur, au marché de Bac Ha
Les différents villages aux alentours sont, en fait, spécialisés dans la vannerie et le travail du bambou, mais j'ai vainement cherché une famille perpétuant un travail traditionnel, celui des éventails, disparu au profit d'occupations plus rémunératrices et sous l'assaut de produits industrialisés. C'est malheureusement la destinée de toutes ces activités. C'est pourquoi il faut en profiter.
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L'image de la femme Vietnamienne est associée au "nón lá", le chapeau conique. Et cela ne date pas d'hier, puisqu'il a été retrouvé sur des tambours de bronze (Ngoc Lu) et des jarres (Dao Thin) datés de 2500 à 3000 ans. Il a subi de nombreux changement de formes, et il semble qu'il ait été aussi, volontiers porté par les hommes.
Photo web
Photo web
A l'origine. le non était tissé et tressé. Au 3ème siècle av JC, après l'apparition du fer, les aiguilles permirent de coudre les feuilles.
Il y a beaucoup de villages spécialisés dans la fabrication des chapeaux côniques dont Chuông, district de Thanh Oai, Hanoi (voir carte article 1) célèbre pour ses produits de qualité et qui pratique cette confection depuis plus de 400 ans. Comme dans tous les villages d'artisans, les ouvriers travaillent dans leur maison, même si l'atelier déborde souvent sur la rue.
Le 4 et le 10 du mois lunaire a lieu un marché d'approvisionnement. Car les matières premières viennent de Yen Bai pour le palmier, de Hoa Binh et de Phu To pour les fibres de palmier, de Ha Tinh et Quang Binh pour les feuilles de latanier. les armatures sont fabriquées au village de Lua, les cercles en bambou à Trang Xuan, les filaments de fougère à Dau Tê.
Le marché se tient sur une place où trône une superbe Maison communale, encerclée par les gargottes qui restaurent et désaltèrent les vendeurs et visiteurs.
Les matériaux pour la fabrication sont des plus simples, le principal étant des feuilles et des fibres du palmier Moc (ces derniers maintenant remplacés par des fils de nylon). L’armature est en bambou. Tout d'abord, les artisans doivent traiter les feuilles en les plaçant à plat sur une plaque de fer chaud et en les pressant avec une poignée de tissu à une température précise, afin de ne pas les brûler. Une température insuffisante ne permettra pas d'atteindre la planéité nécessaire. Les feuilles sont fumées avec du soufre pour qu’elles se décolorent à blanc et soient résistantes à la moisissure. Les bambous sont coupés dans le sens de la longueur pour faire des armatures, puis fumés pour résister aux termites et autres insectes xylophages.
Les chapeaux coniques du village sont formés de 16 cerceaux. Leur nombre est resté inchangé depuis bien longtemps. La beauté du nón lá dépend beaucoup de l'habileté des artisans.
Il existe de nombreuses sortes de nón lá, tels que le nón thung rông vành (panier en forme de chapeau conique), le nón ba tâm (chapeau plat de palme à franges). Un miroir est parfois attaché à l'intérieur du nón lá. Sous les feuilles d'une blancheur presque transparente, on glisse parfois un poème populaire, ou encore l'image d'un temple, d'un palais ou d'une pagode. Ce type de nón lá est appelé nón Bài tho.
Malheureusement, cet artisanat se perd et les artisans préfèrent confectionner des cages à oiseaux, activité plus lucrative: 1 à 2 euros par jour pour le chapeau, 4 à 5 euros pour la cage.
Mais les Vietnamiens restent très attachés à leur couvre-chef emblématique. Ainsi, si la belle secrétaire de Vietlanddiscovery, Hang, avait adopté la robe occidentale pour se marier, elle l'avait associé au chapeau conique, et avouez qu'en terme de lignes tendances et pures, il met bien en valeur la femme Vietnamienne, non?
Photo Pham Hang
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Nous continuons notre voyage aux alentours de Hanoi, pour nous rendre à la commune de Chuyen My qui s'est fait une spécialité de l'incrustation de nacre. Cette activité a débuté entre le 11ème et 13 ème siècle. Une légende désigne le Général Truong Cong Than (dynastie des Ly-1009/1225-) comme l'initiateur de cette pratique. Artisanat prisé par les Vietnamiens qui s'entourent de tableaux, lits, tables, chaises et objets de culte nacrés à profusion.
Les tableaux incrustés sont la fierté des intérieurs Vietnamiens
Si l'on peut admirer le travail minutieux et le talent des artistes, il faut bien dire que cette décoration n'est pas très tendance chez les occidentaux.
On se sert de coquilles d'huîtres et d'escargots Vietnamiens, mais aussi venues de Hong Kong, de Singapour et de Malaisie. Comme toujours au Vietnam, il y a de nombreux codes et, par exemple, les coquilles irisées et celles d'escargots rouges sont employées pour représenter les dragons, les phoénix et animaux légendaires.
Les coquilles sont brisées, découpées à la scie selon des calques-patrons, limées et posées sur le bois. L'incrusteur va enlever au ciseau un morceau de bois de la même taille de façon à incruster la forme qui est collée au mastic.L'ensemble est ensuite poli longuement.
La finition se fait dans la rue
Représentaion symbolique des 4 saisons
Incrustation dans des manches de chausse-pieds
Les 7 villages de Chuyen My produisent chaque année près d' un million d'objets incrustés, grâce à la main d'oeuvre locale, soit un millier de personnes. Il vient même d'être ouvert un centre d'apprentissage pour enfants handicapés.
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